1. |
Antiprocrastination
04:47
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je veux que tu avales la vie
je veux que tes antécédents m'enlacent la parole
je veux détricoter nos dépendances, transmuer nos ambivalences
en étuves antédiluviennes
je veux te danser hors de moi
je veux que tu m'évites dans les yeux
je veux le chaos, le bruit dans ma tête et des indécences
à n'en plus compter
je veux que nous glissions enlacés
je veux la dérive des continents et nos épices en constat d'urgence
je veux insinuer des préludes à n'en plus finir
griffonner des illusions sur ton épiderme
je veux que nous épuisions
nos réserves de choses impensables
je veux te laisser rentrer chez toi sans un mot
puis déposer des insolences
sur le pas de ta porte
je veux la liste de tes chansons
je veux le décompte de tes pluies
je veux l'étendue des dégâts, l'inventaire des petites choses
qui te font mordre l'oreiller au creux des nuits les plus noires
je veux l'entourloupe et l'ivresse
je veux bazarder les cartes en travers de la table
je veux poser mes lèvres sur les flammes et
ne plus me demander quel jour on enterrera les fruits
je veux que tu me regardes lorsque je m'épile
je veux que tu m'arraches les éclats de verre des yeux
je veux un incendie dans la baignoire et des nébulosités
jusqu'à ce que les hasards s'effondrent
je veux jeter les ignares dans des gouffres
lorsqu'ils prononceront d'autres noms que le tien
je veux te caresser au milieu d'une foule sans que nul ne s'aperçoive de rien
au point que la chair s'embrase et que nos vœux pieux
se muent en maison close
je veux te cracher par terre et mordiller tes inutilités
je veux être la photo de voyage agrafée sur le mur de ta chambre
je veux un sentiment d'urgence entre nos entrevues
une sorte d'incapacité à profiter des aubes
je veux maudire le nom du dieu qui nous a écrasés l'un sur l'autre
je veux connaître le goût d'un lendemain torpillé
je veux te laper peu à peu
jusqu'à tisser des élastiques
je veux te rendre plus coriace, éprouver ta résolution
je veux t'imposer des chemins de traverse
je veux être le somnambule qui erre le jour
et qui t'arrachera au futur
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2. |
J'accuse
02:49
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une île calme, c'est tout ce que je te demande
dit-elle
une route vers nulle part, c'est tout ce que tu avais avant ce matin
dit-elle
je serai ton nosferatu tout à toi rien qu'à toi
dit-elle
au commencement, dieu te suça bien la côte
dit-elle
cela doit bien signifier quelque chose
dit-elle
mes cheveux sont un nuage orageux si tu les caresses
dit-elle
mes métaphores météorologiques forment une unité de temps
dit-elle
démêle mon jeu de tarot si tu peux
dit-elle
tu y trouveras une source vive et la virilité
dit-elle
si tu ne peux pas, je t'y forcerai
dit-elle
mon sexe est une prise mortelle et je t'élancerai jusqu'à l'électricité
dit-elle
les autres ne savaient pas le faire
dit-elle
tu vois bien que je suis supérieure à la somme de tes transitions au carré
dit-elle
je le sais bien que ton passé est décomposé
dit-elle
mais ne t'inquiète pas, je vais réparer tes fissures nuageuses
dit-elle
lorsque tu verras à travers mes orbites tu comprendras que mes métaphores météorologiques sont un passage vers toi-même
dit-elle
au-delà des vagues enragées, il y aura ton reflet dans ma joie
dit-elle
et ces voix distantes, tu ne les entendras plus
dit-elle
ta surdité sera ma chanson
dit-elle
après quoi nous irons nous acheter des légumes au marché bio
dit-elle
et tu sauras le vrai bonheur
dit-elle
j'accuse réception de tes lèvres
dis-je
et nous allâmes au marché bio
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3. |
De Troie
07:14
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je suis entré en toi par la petite porte
parce que tu m'avais dit que tu étais de troie
et que pour toi
c'était la grande guerre
en guise de guerre, je voudrais faire du nettoyage et passer au karcher
le manège en nage de tes ménages à trois
tu m'as récité l'illyade en entier
à chaque fois que nous prenions l’ascenseur
à chaque descente un peu brusque, tu m'as soufflé :
« n'aie pas peur, accroche-toi à mes tétons »
je t'ai crue
et je suis tombé
nous nous étions promis la fusion de l'atome crochu
nous nous étions promis de nous dissoudre l'un dans l'autre
(enfin, surtout moi dedans toi)
nous devions susciter l'admiration
(enfin, surtout tes jambes)
et lorsque je relis tes lettres je comprends
qu'elles n'ont de sens que lues à l'envers
« eiv am ed emmoh'l se ut euq siamroséd sias ej, ruoma nom »
il fallait pourtant être deux
pour se débiter en tranches
il fallait pourtant être deux
pour se débiter de telles sornettes
la fable d'un couple sans date de péremption (d'un saule à quatre vies)
ce couple, ce n'était pas nous
je lèche les jets de napalm de ton dernier amant
il en reste tartiné sur les points stratégiques de ton épiderme
je mâche vos capotes usagées comme des chewing-gums
pendant que tu te livres à l'inventaire de vos ébats
combien de pauvres cons
as-tu éjaculés, déjà ?
sept, huit, neuf ?
et quand sonne ton zéro-six
c'est florent, et on rigole
c'est nicolas, et tu m'embrasses
parce que tu ne répondras pas
parce que ce soir, tu es à moi
« c'est ça, que j'aime avec les kinder surprise
on avale vite, on monte le jouet
puis on l'oublie tout de suite, et on finit par le jeter
mais le sucre ancre un goût persistant dans la bouche
alors on finit par en bouffer un autre »
tu aurais pu aller à rome (tu aurais pu aller à rome)
tu aurais pu aller à prague (tu aurais pu aller à prague)
tu aurais pu aller à londres (tu aurais pu aller à londres)
mais tu t'es dispersée sur place
me faire cocu, c'est plus glamour
lorsque tout le monde est au courant
tu m'as dit que je dévaluais mes dons
et qu'avec ce pull, que tu m'avais offert, je pouvais séduire qui je voulais
tu m'as dit que ma langue était addictive
et j'ai fini par te croire
et j'ai fini par sortir un peu plus tard le soir
et là, tu sais quoi ?
je plaisante avec la serveuse
elle me kiffe
mon avocate a dit que tu étais malsaine
j'ai dit que oui mais que tu sentais bon
comme une épice
et que si je réglais ta facture téléphonique
tu me laissais lire le détail des appels
mon avocate a dit ce n'est pas rentable
alors j'ai couché avec mon avocate
et elle n'a plus rien dit du tout
allez, ne pleure pas
lorsque j'ai dit que je partais
tu le sais bien que je n'étais pas vraiment sérieux
je n'étais pas sérieux non plus, d'ailleurs
lorsque j'ai raflé ta copine
et puis, tu l'as raflée la première
lorsque tu m'as décrit ses cris, tu m'as dit :
« les filles ça compte pas c'est pas grave »
lorsque tu m'as décrit ses cris, ça m'a fait envie
allez, sèche tes larmes
c'est toi qui l'a dit :
« les filles ça compte pas c'est pas grave »
la prochaine fois peut-être, si tu veux
on la raflera ensemble
un jour, lorsque tu te seras depuis longtemps évanouie
dans un métro, ou par avion
avec un type ou un champion d'aérobique
les gamines de vingt ans m'appelleront « monsieur » sans vraiment me voir
j'aurai un peu de ventre et une compagne aimante
et je me demanderai combien d'enfants tu as
et je me demanderai
pourquoi
je ne t'ai pas quittée plus tôt
mais de temps à autre, entre deux bonheurs
je croirai t’apercevoir dans la foule
et je me dirai
je me dirai que malgré tout
nos amours crades, parfois
me manquent
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4. |
Je t'aime est un autre
05:32
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je t'aime est un autre
un autre moi une multiduplicité de moi qui s'entrelace dans la
contradiction
lorsque je plonge en toi je ne fais que me
noyer dans mon propre reflet
je t'aime est une ébauche perpétuelle une esquisse inaboutie
la caricature d'un rêve d'enfant livré aux crocs cruels
de la réalité
je t'aime est une excision de l'absence
je t'aime est une alternative à la poésie
une autre manière d'occuper mes nuits blanches, en somme
je t'aime n'est pas une pop song non, je t'aime n'est pas une mélodie enchanteuse
je t'aime est une cacophonie graineuse
dans laquelle il est difficile de s'entendre et pourtant
je t'aime est un selfie à deux
dans lequel je ne me reconnais pas mais qui, l'air de rien
me possède en hurlant
je t'aime est un village en fête et parfois en flammes aussi
une foule enhardie qui tricote mes neurones et me dicte le choix des épices
je t'aime est une dissertation notée sur vingt
je t'aime est une dissection
la recherche de l'atome crochu qui s'emmêle sur le fil de nos redécouvertes
la confrontation de vécus infranchissables et la caresse improbable
d'une renaissance éphémère
je t'aime est une ligne de fuite
un cadastre dont il faut retracer les lignes en permanence
je t'aime est une hésitation dans l'abondance
je t'aime est une utopie-néon
je t'aime est un port d'attache
une virée au lupanar entre deux traversées blanches
je t'aime est une overdose de préciosités précaires
une liberté sous caution qui jaillit de nos bouches et se mue en appétence
un remplissage de l'âme en quelque sorte une danse du ventre vouée à l'échec
je t'aime est un hypertexte inassouvi
je t'aime est la cartographie des liens morts
je t'aime est une ambition
l'envie le désir de se comporter en adultes et de ne pas se laisser prendre aux jeux de vilains
trop plié le dos rompt
tropical et moelleux en amont
le lit s'effondre et nous avalons des couleuvres
je t'aime est un entre-deux, c'est tout
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5. |
Velléitude
06:40
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j'aurais voulu une petite maison jolie mais je ne suis jamais parvenu à trouver le chemin
tu n'aurais pas dû t'éloigner du sentier
j'aurais voulu un grand appartement blanc avec vue sur la mer et un piano au milieu du salon
tu n'aurais pas dû sécher les cours de solfège
j'aurais voulu avoir une voix claire et forte que l'absence elle-même eût entendue
tu n'aurais pas dû te contenter de si peu
j'aurais voulu connaître le nom des écrivains
tu n'aurais pas dû regarder l'amour est dans le pré
j'aurais voulu que les tentacules des amoureux ne se prélassent pas dans ma bouche
tu n'aurais pas dû baiser nabila ce soir-là
j'aurais voulu ne pas trop avoir à me regarder dans la glace
tu n'aurais pas dû être si narcissique
j'aurais voulu ne pas fondre en larmes lorsque je me regarde dans la glace
tu n'aurais pas dû conserver ton visage
j'aurais voulu que le téléphone ne sonne pas quand je suis aux toilettes
tu n'aurais pas dû sourire à cet inconnu
j'aurais voulu un instant de paix toutes les cinq minutes avant de reprendre ma petite cuisine
tu n'aurais pas dû rester chez toi les jours de manifestations
j'aurais voulu que rien ne me démange
tu n'aurais pas dû te gratter l'herpès
j'aurais voulu que les irritations soient des petites pilules labellisées qu'on aurait pu gober quand on voulait
tu n'aurais pas dû manquer ton rendez-vous à pôle-emploi
j'aurais voulu qu'on m'offre une poupée barbie pour noël
tu n'aurais pas dû piétiner tes majorettes à pâques
j'aurais voulu que les ivrognes fondent à d'autres pieds que les miens
tu n'aurais pas dû négliger ton apparence
j'aurais voulu que mon salaire soit ajusté à l'inflation
tu n'aurais pas dû mettre une cravate rouge le premier jour
j'aurais voulu qu'il n'y ait pas de crise économique
tu n'aurais pas dû voter pour ce con
j'aurais voulu bander comme un gorille à chaque fois qu'elle me parle
tu n'aurais pas dû lui demander sa main
j'aurais voulu que les angoisses ne m'adressent jamais la parole
tu n'aurais pas dû te droguer les week-ends
j'aurais voulu que la transpiration sente bon
tu n'aurais pas dû aller courir les jours d'alerte-pollution
j'aurais voulu ne pas transpirer du tout
tu n'aurais pas dû exposer ta peau blanche au soleil
j'aurais voulu un refuge à l'abri duquel je n'aurais plus entendu le cri des poissons
tu n'aurais pas dû abandonner les animaux sur l'autoroute
j'aurais voulu qu'il n'y ait pas de génocide en bosnie
tu n'aurais pas dû attiser la colère des serbes
j'aurais voulu savoir ce qu'aurait composé john lennon s'il avait vécu
tu n'aurais pas dû télécharger ce single de lady gaga
j'aurais voulu que maman porte toujours la même robe orange que sur mes dessins de maternelle
tu n'aurais pas dû te comporter comme ta mère
j'aurais voulu que papa soit aussi intelligent que moi
tu n'aurais pas dû te distinguer de ton père
j'aurais voulu que les homosexuels se cachent
tu n'aurais pas dû leur permettre de se marier
j'aurais voulu que les voitures soient toutes des corvettes
tu n'aurais pas dû croire ce que disaient les feuilletons américains
j'aurais voulu que les immigrés conduisent les voitures au lieu de les brûler
tu n'aurais pas dû militer contre le racisme
j'aurais voulu que vraiment mais alors vraiment vous ne vous m'appeliez pas comme cela
tu n'aurais pas dû leur donner ton vrai nom
j'aurais voulu ne pas avoir peur d'être moi-même
tu n'aurais pas dû t'inscrire sur meetic
j'aurais voulu pouvoir te dire que tout ira bien
tu n'aurais pas dû traiter ton psychanalyste de charlatan
j'aurais voulu être du genre à me laisser porter par le vent
tu n'aurais pas dû acheter ce livre de coelho à la fnac
j'aurais voulu que mes enfants soient en bonne santé
tu n'aurais pas dû avoir d'enfants avant d'avoir terminé tes études
j'aurais voulu que mes enfants soient heureux
tu n'aurais pas dû avoir d'enfants
j'aurais voulu que les femmes dansent avec moi
tu n'aurais pas dû te prendre une cuite samedi soir
j'aurais voulu conserver un ventre plat
tu n'aurais pas dû te fourrer ces fruits confits dans la gorge
j'aurais voulu qu'il n'y ait pas de famine en corée du nord
tu n'aurais pas dû tirer la chasse aussi souvent
j'aurais voulu qu'un dieu bienveillant se penche sur mon cas
tu n'aurais pas dû mâcher l'hostie
j'aurais voulu être un enfant prodige
tu n'aurais pas dû regarder la fente de la maîtresse
j'aurais voulu être un enfant désiré
tu n'aurais pas dû briser le vase chinois de maman
j'aurais voulu aller parler à cette fille
tu n'aurais pas dû te tripoter devant des pornos
j'aurais voulu me lever ce matin
tu n'aurais pas dû te diluer sur facebook au lieu d'aller au lit
j'aurais voulu découper des sourires par centaines et les coller sur les murs de mon village avec de la colle et un pinceau
tu n'aurais pas dû parler franchement à tes amis
j'aurais voulu que l'on me cite en exemple dans les manuels
tu n'aurais pas dû assassiner cabu
j'aurais voulu que l'on se souvienne de moi après ma mort
tu n'aurais pas dû porter un t-shirt à l'effigie de quelqu'un d'autre
j'aurais voulu ne pas mourir d'un cancer
tu n'aurais pas dû snober les légumes bio, connard !
et j'aurais voulu que vous lisiez mon poème jusqu'au bout
tu n'aurais pas dû l'écrire à la première personne
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6. |
Peutêtredéjàpassimal
05:27
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as-tu déjà éprouvé l'ascendance
les yeux dans la bouche
le verbe en apnée
la prescience qui titille ?
as-tu déjà reçu la foudre
comme un présent déposé au creux de la main
un interdit que l'on se passe
de main en main
de peur qu'il ne nous échappe ?
t'es-tu déjà demandé
ce que ça fait d'être cristallin
sans être transparent ?
juste être là
peut-être que ce n'est déjà pas si
mal pas si
petit pas si
vain
peut-être que ça n'a pas d'importance
que ce soit bien ou pas
(dis-moi...)
as-tu reçu ton présent ce matin ?
le film était-il satisfaisant ?
avais-tu le premier rôle, ou bien...?
imagine que tu chutes
imagine que tu ne chutes pas
imagine que tu chutes
imagine que tu ne chutes pas
imagine que tu aies le choix
de choir ou de ne pas choir ?
que choisirais-tu ? (chut !)
si tu voyais les êtres pour ce qu'ils sont
les anticorps de tes chouchous
leurs inquiétudes entremêlées
(si tu voyais comme je les vois)
conserverais-tu tes chouchous ?
conserverais-tu
tous tes boucs émissaires ?
festoyer ne pas festoyer regarder les autres festoyer
se demander sans cesse s'il y a quelqu'un pour se soucier des
plissements sur nos fronts des
notes de bas de pages que nous semons
derrière nous
des fois qu'il y aurait quelqu'un pour les lire
as-tu obtenu ce que tu voulais as-tu
reçu ce dont tu avais besoin ?
as-tu obtenu ce que tu voulais as-tu
reçu ce dont tu avais besoin ?
pourquoi cet arôme reste-t-il incrusté pourquoi cet arôme ?
ce qui n'existe plus
incrusté
dans tes (neurones)
si tu voyais les choses pour ce qu'elles sont
(si tu voyais comme la nature s'en fout)
saurais-tu concevoir
l'inutilité d'avoir un avis-rien sur tout
le bleu qui reste bleu
que tu le trouves joli ou pas ?
mais les têtes continueront de tourner
les rires de jaillir
les clés d'ouvrir des portes
et les concierges de les refermer
et nous de les rouvrir
et tout ça comme ça jusqu'au bout
et tout ça comme ça jusqu'au bout
jusqu'à-ce que tes yeux s'ouvrent
ou se ferment
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7. |
Exil des idoles
10:32
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les choses les
tombe
les idées les envies les
tombe
ne te retourne pas ne
tombe
(exil des idoles)
l'exil a débuté l'exil a
tombe
il y a des cycles, il y a
tombe
longtemps, il y a
tombe
une obscurité je n'étais déjà plus là déjà
tombe
en train d'enrober les divinités
de mâchouiller les cheveux des fées
de mordiller les pommettes
des statuettes (des démones)
des apsaras
parties
elles sont parties les idoles
tombe
tombe
tombe
« rencontre-moi entre les lignes mais ne t'égare pas »
ce fut le dernier murmure des dieux
ce furent les derniers mots avant la
tombe
vie
j'avais fouillé longtemps dans les
tombe
dans les métaphores dans les
tombe
dans les paraboles dans les
tombe
dans les signes
cherché le langage des fruits
il fallait du sens aux épisodes car je savais désormais que les
tombe
que les épisodes ne se nomment pas que les
tombe
que les épisodes
tombe
que les épisodes se plaisent
à n'avoir
aucun sens
tombe
même lorsque
même lorsque l'on rembobine la cassette
même lorsque l'on revisite les temples
les ébauches de temples
les temples effrités
les temps naïfs
les étés perdus
les débuts d'automne
(pourquoi
toujours
l'automne ?)
pourquoi demandez-vous pourquoi, c'est moi, c'est moi qui normalement demande
tombe
pourquoi
je n'avais de cesse de trouver le vrai rythme la vraie
lumière la vraie
ampoule
je n'avais de cesse de lire les graffitis sur les murs de lire
sur les visages des vierges indécises des
des indices
des expressions
de ce qui pouvait être
de ce qui pouvait pleurer la nuit
(si les pinceaux pouvaient dire
leurs aléas secrets si les )
j'avais grandi trop vite évolué en accéléré j'avais
tombe
j'avais grandi trop vite évolué dans une absence de temps dans une absence de
tombe
dans une absence dans une absence dans une absence dans une absence
de
tombe
sens
les sens à fleur de fleur les mots la parole dilués par tant de
tombe
reflux
et les voix se sont faites entendre
et les voix ont promis des
tombe
des épopées épiques des
tombe
et qu'il y aurait du
du retentissement du
tombe
sens
et j'ai dansé
et j'ai dansé
et j'ai dansé des lunes et j'ai dansé jusqu'au bout du souffle et plus tard encore tant qu'il y avait de la
musique
en épopées épiques en
bribes, même
tombe
(si les avalanches cessaient de couler
les êtres n’auraient plus de raison d’être
exotiques)
et parce que je dansais trop vite alors souvent je tombais souvent je me brisais en mille petites fissures souvent je
en mille petites fractures en mille équations
souvent je
tombe
en amalgames
j'ai appris que s'écouter penser c'était ne plus s'écouter penser c'était
laisser
filer
les pensées, c'était
laisser
s'effilocher les
les obstinations les
les prières improvisées la joie la joie de
tombe
un brouillard en quelque sorte et tout
tombe
devient flou les
les lumières les
les gens les
les signes les
tombe
tout
(et si les chiens n’aboyaient plus
au milieu d’un tapage de réveillon
le bruissement des paupières passerait
inaperçu)
exil des idoles
je contais je racontais je me
je me racontais des contes et des équations des
des bruissements d'eau sur les lacs des
des ricochets des
j'ai tenté de dessiner la cartographie des conséquences mais la
la cartographie m'a échappé les épisodes ne faisaient plus sens ne faisaient plus
la cartologie la l'étude des déformations
spatiales
par transformations
continues sans
sans arrachages ni
ni recollement des structures la
la topographie topologie cartographie s'avérait une science
inexacte une
tombe
une vanité ?
(si les vœux se réalisaient à temps le temps
le temps cesserait d’avancer
le temps cesserait de croître
les enfants figés)
exil des
exil des volontés comme un grand rien
comme un petit pincement au coin du cœur
comme une absence de
tombe
feu
où sont mes/ où ai-je rangé les
tombe
les prophéties ?
tombe
exil des idoles
il n'y a pas de desseins d'attentes de
il n'y a pas de sens
il y a le vide et une ébauche d'acceptation sans le
sens et sans
le sens n'est pas dans le sens le
le sens n'est pas là non pas là dans le signifiant le sens est
juste là dans le
oui
le sens est dans le oui dans le
dans le réel
exil des idoles
amnistie du souffle
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