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Sixième extrait de l'album "Étanchéité"

Écrit par Shaomi
Composé par Jean-Sully Ledermann

Shaomi : voix
Jean-Sully Ledermann : musique, voix additionnelles

Ⓟ + © 2020, Jean-Sully Ledermann + Shaomi

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lyrics

essoufflée, elle se retourne et s’emplit
d’immensités solaires
d’appréciations complexes
de cordes intérieures
de la brise et des feuilles rouges
qui tourbillonnent autour de son cou
petite pause méditative et bilan des
sucreries qui la composent
projets de réunification
réinvention perpétuelle
les yeux qui pétillent
les arbres qui enlacent
sa peau d’herbe

fantômime, elle se joue des tours et nargue
les gammes éthiques
les choix politiques
les images figées de ces familles
embourbées, pédophages
elle se libère des ligaments que ses ancêtres ont enfoncés
dans sa chair
elle regarde les miroirs de son manoir
contemple sa main, noire de charbon
crasse des antithèses avancées
par ses travailleuses
racines
il lui suffira donc
de purifier le temps

(interlude militaire 1)
la fausse attribution des réputations
cache-cache avec les loups
cache-cache avec les corps qui se meuvent
dans les artères et les cocktails
derrière la cruauté des uns
derrière la mesquinerie des autres
elle ne voit plus finalement
que les larmes des petits enfants
trahis
qu’ils étaient

« presque éveillée », se dit-elle
presque éveillée mais comme encore endolorie
cotonneuse, peut-être
il y a tant de fleurs et de coussins sur ce lit
tant de serpents chauds qui s’enroulent avec tendresse autour de ses bras
serpents roses, qui mordillent tendrement
« presque éveillée », murmure-t-elle
aux esprits qui l’accueillent en nuisettes
conseillers de ses songes à rebours
conseillers de cet instant précis et flou
lorsque l’âme flirte avec le véhicule
et qu’il est encore probable
de remonter un peu
la temporalité
d’un soi en devenir

grandes idées, petites mains
« difficile de bâtir
un monde meilleur », se dit-elle
parfois elle rit lorsqu’elle se souvient
que son propre bonheur
peut être une sorte de filament conducteur
pour les autres âmes
elle ne perçoit pas vraiment
le pourquoi d’un si impétueux
besoin de se connaître
elle-même
mais il y a une évidence
à peine cachée
prête à naître

lorsqu’elle est brave, ses rêves périssent
s’évaporent dans la vanité
vanité de volonté
vanité d’espérer autre chose
que le réel qu’elle peut toucher
et qui se prête aux jeux
ses désirs périssent car soudain
le réel
est son désir

un sourire paresseux
c’est son arme de guerre…
dans les chambres environnantes
des guerriers s’agitent, des mégères explorent et implosent
tous à tâtons, tous en train de gigoter
de chercher la nourriture
dans la penderie
leur boucan si souvent l’épuise
qu’elle peut bien laisser libre cours à sa fatigue
en ne faisant rien d’autre
que ce qui a du sens

un clignement d’œil et la voilà partie
un clignement d’œil et la voilà
décédée
ressuscitée
réinventée
prête à se moquer gentiment des guerriers
et des mégères
c’est le seul cadeau
qu’elle puisse leur faire

(interlude militaire 2)
« nous allons par-delà !
nous allons par-delà les paradigmes !
nous allons par-delà la vérité !
nous allons par-delà la science !
nous allons plus loin, plus vite, plus fort ! »
d’un geste vif, elle éteint la télé

(interlude militaire 3)
comme un parfum de combats incessants
la grâce et tout ce qui est délicat
provoque l’immédiat vomissement
des foules
alors parfois elle se cache
« est-il vrai, se demande-t-elle
est-il vrai que là-bas
des enfants meurent
à la guerre ? »
les prophéties de vie et de mort qui chaque jour
percent les oreilles des spectateurs
ces prophéties lui semblent à elle
la chambre de résonance
du cerveau humain
« si vous n’aviez pas tous ces fusils dans vos têtes, dit-elle
vos enfants ne mourraient pas »
bien sûr, personne n’écoute

charmante, sans colonne vertébrale
si légère que souvent les bourrasques l’emportent
(mais elle se plaît à flotter ainsi)
elle aime bien jouer
avec les bambins
avant qu’ils ne soient
compromis
avant que les insomnies de leurs aînés
n’aient déteint sur leurs paupières
elle caresse leurs cheveux et prie
pour que ces ébauches d’hommes et de femmes
ne se gâchent pas
parfois les graines deviennent d’autres comme elle
prêtres et prêtresses
voués à l’incompétence
et à la joie

lorelei n’est pas sirène
les marins qui se noient dans les sons cristallins
de l’épopée qu’elle fredonne
ne sont que dommages collatéraux
d’un envoûtement personnel
les veuves et les mères qui la maudissent ignorent
qu’elle est juste ensorcelée
par son propre chant
et qu’ainsi possédée
elle ne peut l’interrompre

elle est à la fenêtre du monde
il y a bien des rondes
qu’elle ne comprend pas
mais en dessous de chacun des cailloux qu’elle soulève
se cache une fourmilière
les économies sans fond qu’on lui conte
les spirales quotidiennes et les incessants débats
ne sont pour elle
que les infernaux symptômes
du psychotique ressac
collectif

vierges et apsaras
l’entendez-vous ?
entendez-vous le son voisé
de par-delà vos vitraux ?
vous délectez-vous de ses ballets ?
vous régalez-vous de ses prières ?
elle vous est dévouée
subjuguée
par les portraits de vous
que sans cesse elle esquisse

ses yeux translucides
fixés sur les toiles d’araignées
tarentelles enchevêtrées
synchronies de toutes ces choses
qui arrivent
ses yeux embués
par l’émotion qu’éveille en elle
la chaleur d’en haut
ce pilier de lumière qui chaque jour un peu plus
la traverse et la dresse
satisfaction immanente
canal du divin

essoufflée d’avoir tant ri
déjà en elle, elle devine
cette vieille femme tout occupée
à câliner un jardin
déjà en elle, elle entrevoit l’apaisement
de son linceul lorsque, enfin
elle quittera ce monde
le corps exténué par tant de voyages intérieurs
l’âme aspirée, tendue vers le tout
elle se souvient de la tristesse dans leurs yeux
elle se souvient de sa dernière pensée
d’un étonnement candide
« sont-ils tristes parce que je pars ?
ou parce qu’eux, ils restent ? »

(interlude militaire 4)
et soudain, elle seule est seule
tout ce qu’il y a autour
s’écroule sans bruit
petites poussières
elle marche dans les décombres
de l’humanité
livrée à elle-même
les attributions fausses
les conflits et les bombes
les guerriers et les mégères
leurs enfants voués à la catastrophe
les prophéties imminentes
rien de tout cela plus ne compte
rien du tout
pas lorsqu’elle regarde ainsi droit devant elle
et ne voit que des murs de verre
elle les traverse
lave les corps des défunts
embrasse les vivants
et s’en retourne au nid

« le cosmos est un vieil homme ridé », se dit-elle enfin
« et j’aime à compter ses rides
à déchiffrer les desseins sur sa peau »
lorsque, au bout du compte
tout est prononcé
chaque rituel accompli
afin de préserver chaque jour
l’équilibre des choses
lorsque, au bout du compte
la vie s’écoule à reculons
elle peut s’allonger
et retourner aux ritournelles
là-bas au loin
dans sa tête
petite fille, femme et vieille femme
elle ne sait guère laquelle des trois
précède l’autre
ainsi captivée par les cycles
sereine
elle s’assoupit

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from Étanch​é​ité, track released March 4, 2020

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Jean-Sully Ledermann + Shaomi Paris, France

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