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Deuxième extrait de l'album "Étanchéité"
Écrit par Shaomi
Composé par Jean-Sully Ledermann
Shaomi : voix
Jean-Sully Ledermann : musique, voix additionnelles
Blessy Varghese : voix additionnelles
Meenakshi Nautiyal : voix additionnelles
Ram Nautiyal : voix additionnelles
Ⓟ + © 2018, Jean-Sully Ledermann + Shaomi
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lyrics
tous ces gens qui m'ont souri
en inde, en chine, au cambodge et ailleurs
ces gens que dans mon pays cyberpropre et blancbitûme
l'on dit lumineux comme de bons sauvages et plus solidaires
que les briques de l'ego d'ici
tous ces gens, je ne sais d'eux qu'une chose :
ils ont sagement
accompli leur devoir une vie durant
plus solides que solidaires
plus laborieux que lumineux
tous ces gens, il faudrait les réhabiliter dans la mémoire des joies
mais peut-être que
peut-être que ça leur ferait plus de mal que de bien
ont fait tout ce que l'on attendait d'eux
il y avait toujours un mathématicien pour leur demander
des comptes et de réciter des mantras
et la liste était longue (ek, do, teen)
sont nés endettés par ceux qui les avaient conçus
ignorant dans leurs petits berceaux que pour chaque souffle
il faudrait suer
parce que la vie est un crédit avec intérêts
parce que l'éjaculation qui les a propulsés en ce bas-monde
représente un effort si colossal
que pour régler la note il faudra
s'échiner dur soixante-douze heures par jour et la nuit aussi
afin d'offrir une retraite à des parents
si méritants
qu'on ne songerait pas à les laisser
se dessécher seuls (taap kee lahar)
qui ont dû épouser le jour que l'astrologue avait déterminé pour eux
l'inconnu(e) que l'on avait sélectionné(e) pour eux
sur un catalogue (love, arranged by shaadi.com)
parce que les aînés savent, c'est certain
confectionner de l'amour à partir de rien
à qui le prêtre a juré qu'un dieu qu'ils ne rencontreront jamais
a dicté un livre à des hommes enterrés depuis longtemps
et qu'à la première occasion, les règles de ce livre
leur taperont sur les doigts (dharm)
qui devront sans faillir
faire à leur tour des enfants (plein)
parce que les enfants (plein) sont indispensables à la survie d'une lignée si honorable
que l'univers ne se remettrait pas de sa disparition
et comme ça, plus tard
tu auras toi aussi tes esclaves à toi tout à toi
à qui l'on a enseigné
que la joie n'est pas de ce gris monde
que la joie réside dans le respect des lois tacites
que la joie, c'est la piété filiale et un bâton d'encens planté dans l’œil
un emploi stable et un ventre bien rond (oooh yummy!)
qui n'ont jamais dansé
qu'aux cérémonies, qui n'ont jamais joui
qu'avec leurs mains, qui n'ont jamais ri
que de blagues pas drôles, qui n'ont jamais joué
depuis l'enfance
qui se sont depuis longtemps résignés
à l'idée d'être nés pour endurer, d'être nés pour
ne jamais resplendir, d'être nés pour
pourvoir et non pour voir, d'être nés pour
s'éteindre en famille, avec la satisfaction béate du devoir accompli (et un ventre bien rond)
pauvres gens qui ne sont pourtant pas
des gens pauvres non qui ne sont pas du slum
prends ton smartphone et tais-toi
on te sacrifiera sur l'autel
de la patrie, de la famille et du travail (jana gana mana adhinayaka, jaya hé...)
et ça ira bien comme ça, va !
ces pauvres bougres, ils me rappellent chaque jour (chaque jour)
que finalement, quoi qu'on en dise
la contre-culture est une exigence
que finalement, quoi qu'on en dise
un sang hippie coule dans nos veines
et que ceux qui voudraient
si hâtivement
enterrer la mémoire de mai 68
feraient mieux d'avoir une grande pelle pour creuser
et de me trancher d'abord la langue avec
parce qu'elle est longue et bien pendue et que je sais m'en servir
à bon entendeur...
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