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Myst​è​res, contrastes & karmas

by Jean-Sully Ledermann + Shaomi

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1.
D&li& 02:38
cordes déliées en symphoniques délice corps fatigué de platoniques supplices écoute et vois le soi de soie matin matins d’émoi où sont les lapins ? son tout doux blanc perdu dans le néant tordu, le cou de ces jours dissidents opéra rien nourrit mes insomnies bleuet fin ne comprend journuits incapable de structurer le temps juste aimable blanc et pas amant que puis-je ? attendre et tendre vers où suis-je ? oubliés les hivers
2.
je suis un laboratoire de princesses je récuse les archétypes les idées de l’homme et de la femme je refuse d’être juste un type un sale type un type bien je refuse de me mettre du tipp-ex éventé sur les yeux de me farder de testostérone et de jouir en silence je suis un exutoire de princesses en moi des milliers de donzelles gémissent et crient m’intimant d’intimider les porteurs de lieux communs de préjugés de prête-noms m’intimant de remettre en question la question du genre la question des obligations la question de la définition même et de me faire la plus belle pour aller danser je suis un inventaire de princesses il y a neige blanche et cendrille la belle au bois dormant sans label sans se plier à quelques règles menstruelles et faisant fi du féminisme le plus enragé ce féminisme d’arrière-garde qui me défend de m’accuse d’atavisme et m’interdit me conspue pour mes prétentions à faire du sexe fort un sexe mitigé qui tantôt dodeline de la tendance par ci tantôt par là et tantôt pas figure-toi que je suis femme aussi et ça je ne te laisserai ni le nier ni me l’enlever de la bouche je suis un dévidoir de princesses en moi se dessine la silhouette des sylvidres des divas des des itinéraires d’enfants pourris gâtés par la démesure de leur charme et qui s’autoconsacrent apsaras loreleis sirènes et parfois même harpies charmeuses je n’ai pas besoin de travestir ma panoplie non pas besoin juste de m’habiller comme une idole de pacotille et de me de me jeter dans la chorégraphie des animations tout ça en technicolor merci je suis une montée d’adrénaline une actrice de film érotique pour minettes enragées câlinées matinées de contradictions apaisantes à princesse lesbienne à heures perdues parce que j’aime bien mieux caresser des lèvres que de me mettre à compter les poils et parce que lesbienne oui pas pédé tantouze tarlouze je ne ferai pas de compromis entre vos idées de la tendance et mon idée de l’expansion parce que je puis être mâle et queer et une grande folle et bouffer des chattes et parce que parce qu’être macho c’est tellement vingtième siècle et que j’ai toujours eu un temps d’avance sur mon époque je suis une idylle de princesses métrosexuel animal urbain voué au glitter destiné à à séduire les minettes avec des ruses de minettes et parce que je préfère rouler des paroles que des mécaniques en me dandinant comme ça quantique entre les trottoirs entre les clubs et les cafés noirs entre les bouches de métro les bouches ouvertes béates d’émerveillement et qu’est-ce qu’il a la classe ! (les humains se répartissent en deux classes différant par leurs propriétés collectives les fermions nos gueules et les bossons dur pour payer hors-castes, les princesses bichonnent leur rayonnement électromagnétique parce que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tard et ce n’est pas moi, c’est la science qui le dit) je suis un apogée de princesses une apocalypse jetable et vous me ferez le plaisir de la reconnaître pour ce qu’elle est sans me prendre par derrière pour ce que je ne suis pas et je vous invite à sauter sans paradigmes à reconsidérer vos équations
3.
je vis dans une jungle de toi je suis une fenêtre ouverte sur nos fausses notes chaque jour est une nouvelle chaque jour répétition chaque jour d’un opéra chaque jour avorté je m’efforce de ne rien faire d’autre que des mots je m’efforce de ne pas à pas je tourne autour du potiron je me force digne et serein comme un archange en rut ! mes dents du fond baignent dans nos ambivalences nos jeux secrets nos démences imaginaires où sont les antibiotiques ?! qui a caché l’antirobe ?! intuition vaine/sixième sens h.s./médiumnité déglinguée demain est néant dramaturgie irrévélée trajet d’y irrévérente le sens est déguisé en je capte que dalle dé où ? sexe miamachina ! juste un puits d’amour répétitif je m’interroge en attendant la neige et toi, innocente choupette tu ignores ton propre âge tu te crois petite gamine ha ! vieille âme réchappée d’ères antiques vers des lendemains cruciaux un jour, tu sauras ! si tu étais autre chose je lirais tes pensées comme je lis les autres mais tu es un mur de briques et moi statue réduite au statut néant coucou de midwich tes coucous font mes jours tes inconnues mes équations mathématique(s) je me retiens je n’effleure que … (!) j’effleure quoi ? tes yeux ? même pas sûr ! je tourne en rond dans une flaque inflammable combustion spontanée tu viens et reviens et tu restes tu parles de lui tu es avec moi tu parles de lui tu es avec moi toujours présente indifférente d’éternelle dernière nuit grave en éternelle dernière nuit grave (tue) mens à la santé ! je suis là où est-il ? il est ton ombre je suis ton temps mais l’éthique m’enchaîne à un silence enragé l’impatience déchire mes nuits pourrit mon sommeil de poèmes impromptus tu m’habites tu me hantes fantômette exquise j’aime bien, en fait on saura quand l’eau se sera retirée…
4.
pas vraiment désolé de t’aborder comme ça de te tourner autour à chaque instant thé, de ne plus me contenter de t’effleurer de mes yeux tachetés pas vraiment navré de ne même plus être timide j’ai passé l’âge d’avoir un âge, je suis juste assez lucide je suis trop sage pour rester sage j’ai comme envie d’acheter un billet un aller simple plus ou moins vers l’épiderme de ton épicentre, de manger toute une épicerie de toi j’ai comme envie de faire avancer la science de vérifier des théories chimiques sur la manière dont tu griffes et tu mords viens, je veux juste me perdre en toi plutôt que de me perdre en moi-même dans ma tête il y a cette voix qui m’obsède et qui me dit qu’elle m’aime à la télé ils parlent d’amour leurs boites crâniennes débordantes de mots à ce stade, je ne sais même plus s’il y avait de l’amour avant toi tu as fait de moi un créationniste « et dieu créa la femme… en 1987 ! » laisse-moi juste te faire un sort t’épouser jusqu’à la prochaine cour de réincarnation servons-nous de nos chairs, amor con carne tu peux te lover petite chatonne ou bien jouer à catwoman je veux juste jouer sans règles, juste jouer, juste jouer avec toi réinventer d’hypnotiques et antiques rituels viens, je veux juste me perdre en toi plutôt que de me perdre en moi-même dans ma tête il y a cette voix qui m’obsède et qui me dit qu’elle m’aime tous mes amis font des paris sur des princesses de pacotille et mes ex devenues nécrophiles qui se vautrent dans des vieux qui puent et toi qui joues aux billes avec un gamin sans voix le monde se prend pour titanic ou c’est juste moi qui trippe ? j’ai juste envie de te croquer croquette pas juste une nuit, plutôt la moitié d’une éternité j’ai juste envie de dire aux hôtesses de l’air qu’elles sourient à un homme marié j’ai juste envie de te toucher encore de construire mon nid dans ton corps viens, je veux juste me perdre en toi plutôt que de me perdre en moi-même dans ma tête il y a cette voix qui m’obsède et qui me dit qu’elle m’aime
5.
je vis dans une jungle de toi ton sourire est ma guerre sainte de toutes les causes ta sérénité lève des armées de moi des milliards de cellules livrent des batailles épiques pour cultiver cette terre déjà conquise je vis dans un nid douillet de toi tapissé d’ambivalences et de silences exosquelettes armures de sens interdits l’envie de toi m’incarne et me détrousse me submerge d’indécents détails tes incisives entraperçues, tes lèvres retroussées lorsque mes jeux désinvoltes t’illuminent je vis dans une mégapole de toi peuplée par des hordes de toi ton nom slogan scandé par les foules ton visage célébré jusque sur les vitraux des églises et les panneaux publicitaires attraits d’intuitives perspectives tes lignes de fuite font de moi un prophète illégal je vis dans un labyrinthe de toi au gré du vent que j’appréhende, j’erre ni ailleurs ni perdu, juste habité de tes intentions tendres et uniques nourri par l’espérance luminescente d’une incarnation complète à te croquer fruit défendu source de trouble jusqu’à ce que légitimé soit mon jardin d’éden je vis dans une immensité de toi je veux planter ici les racines d’une moisson d’herbes folles et de légendes païennes traverser ta fameuse apocalypse et puis faire de ton petit déjeuner ma prière du matin te câliner comme un encens qu’on allume t’encenser te caresser sans arrière-pensée t’allumer comme un brasier cosmique je vis dans une répétition de toi ta vallée verte débordante de lianes qui transpercent en boucle mon éther sèment des ébauches de béatitude l’idée sans la chair me transforme en chats fous qui miaulent à ta porte je suis un temple sans prêtresse rempli de pèlerins figés je vis dans un présage de toi tout se mêle dans le continuum jusqu’à cette indienne détrônée son sari délavé, ses possibles écrasés par ta naissance en moi improbablement je veux bâtir dès aujourd’hui ma hutte puis filer à l’est avec toi je vis dans une saga de toi nourrie d’épopées mythiques comme nos épaules qui s’effleurent, nos visages rapprochés perception de tes hypothétiques attentes et mon flou se multiplie, vomit une infinité de points de suture possibles au suspense ne te noie pas dans tes inavouables nos baisers sont gravés dans la pierre je vis dans un destin de toi une inaltérable évidence de nos parcours bénis, de nos douceurs et de nos véritables loin de nos cahiers les faux-semblants si rares sont les vœux de bonté en ce purgatoire de monde qui d’autre que toi ? quoi d’autre que nous ? je vis dans une malaria de toi quelque chose de tropical et sans antécédent chaque petit bout de peau promesse d’un palais de plaisirs secrets goûter cette peau de sable et plonger entre toi m’abreuver en chœur avec les licornes et les anges les apsaras et les devas je vis dans une faim de toi insatiable curiosité quant aux harmonies de tes plaisirs nécessité d’en faire la bande son de mon épopée de ta nudité mon paysage et de m’habiller avec ta langue je vis dans une gueule de bois de toi dans la frigidité la plus totale à l’égard des autres femmes leurs détresses et leurs phéromones leurs égocentres et leurs peines capitales leurs sourires de glaces à l’eau elles ne sont qu’enfants égarées tu es la femme sauvage je vis dans une nécessité de toi cette pluie d’adhidaiva sur nous boite à miel aux yeux des autres le miel je l’offre mais la boite je ne peux la partager qu’avec une comme moi une résidente du havre véritable
6.
je frôle sans arrêt une panoplie qui n’est pas la mienne j’abandonne de petites offrandes sur l’autel des ineffables pacotilles j’attends sans attendre star dans les salles de bains des autres apôtre dans la cour des miracles artificiels hypothéqué par une certaine idée de tes lèvres je pourrais me complaire et m’enivrer des museaux minois qui me sourient la nuit offrir un peu de tendre et de sacré aux minettes effritées qui passent mais j’ai autre chose en tête contempler des limules et caresser des crocodiles mystères, contrastes et karmas un petit peu de toi, un petit peu de moi tant de vies en amont mais l’aval m’avale et ta langue je vis sur les pétales d’un trèfle à vingt-sept feuilles d’autant plus libre qu’appartenant à je me nourris de mots et pourtant, soudain je n’en ai plus besoin (je n’en ai plus l’usage) les écrans montrent le temps qui passe et chaque seconde m’en apprend l’abstraction mes rues dégorgées de joie étonnante étreinte de shiva aquatique, inattendue, promesse tenue lorsque par-dessus ça vient la douce heure de toi des vœux sans arrêt mais c’est juste si simple si simple lorsque l’on sait que mystères, contrastes et karmas s’accouplent en interdits c’est un peu chaque matin lorsque les premières notes de funk et mon premier café c’est un peu l’instant d’avant l’aube et les apocalypses secrètes que j’y devine parfois je m’émeus juste d’harmonies de cordes blanches et de murmures et je nourris les oiseaux-mouches qui se posent sur ta main il n’est pas de théorie spéciale pour expliquer la texture de la canicule (pour expliquer l’odeur de toi) c’est juste une effraction de moi l’envie de ronrons emmêlés un poème sauvage ou quelque chose je savoure juste, tu savoures juste, tout est si juste et juste si mystères, contrastes et karmas un petit peu de toi, un petit peu de moi
7.
Kira 04:31
nous ne faisions que sauvegarder le verbe, nous ne faisons que tricoter des petits slogans inconséquents, nous ne faisions rien que confisquer la nuit à ceux à ceux qui n’en savaient rien faire nous n’osions même pas non pas toucher à leurs heures de pointe nous n’avions pas peur de nous cacher tels que nous étions drapés d’inconséquences et de la chaleur de nos radiateurs à bain d’huile et nous n’avions pas honte de redouter le givre ça, et les coups frappés à la porte aux heures inattendues retiens ton temps retiens mon temps nous n’aspirions pas à être à côté de la plaque, mais la plaque était là il n’y avait pas de rien ne nous prédisposait à être autrement qu’autrement nous n’avions rien écouté à l’école et nous avions lu tous les livres nous entreposions nos aléas sur la table de nuit, bien à portée de main selon l’usage que nous en avions tu m’avais promis qu’on ne verrait plus le cadre je t’avais promis que tout dépasserait du cadre tu voulais des photos de moi de quand j’étais petit je les avais déchirées depuis longtemps j’avais détruit les preuves retiens ton temps retiens mon temps nous nous laissions glisser entre les mailles de leurs filets n’éclaboussant leurs certitudes que lorsqu’ils regardaient ailleurs sans leur laisser le temps, ni le loisir de faire de nous des apostats car il y avait encore des jolies choses j’aimais noyer tes lèvres et tu ne nous étions deux nous étions comme eux nous nous ne méritions pas leur animadversion retiens ton temps retiens mon temps retiens ton temps car je n’arrêterai pas ce train qui t’emporte au levant retiens mon temps car tu n’arrêteras pas la gâchette à l’arrière de mon crâne ils m’enterreront face contre terre, ils ont dit toi toi, tu pourrais encore peut-être, si tu en reviens si tu t’éclipses à travers la neige à travers le rideau le fer le s’ils ne te voient blanc sur blanc s’ils te ratent peut-être, tu trouveras le chemin des antithèses et tu dégusteras un milk-shake au bord du bleu et tu ne seras plus dissidente
8.
Encapuchonné dans l’impulsion, je ne posais un pied à terre que par désœuvrement. Parfois, une voix me demandait si j’avais bien dormi. J’étais toujours frappé par l’insolence de la question. Cherchant mon interlocuteur, je ne voyais que des incertitudes. Je me souviens surtout de la fumée et des déchets. Mégots, salive, journaux périmés, pelures, tout le superflu bazardé sous les banquettes, les panneaux d’interdiction consternés d’impuissance. Sans doute, aux yeux à demi clos du monde, nous étions en mouvement. Sans doute, une trajectoire s’esquissait. Je ne discernais pourtant qu’une arborescence de lignes de fuite, plus illusoires les unes que les autres. Vu de l’intérieur, tout était cataleptique. Les yeux rivés au sol, je tentai une percée. Au bout du chemin : les chiottes. Au-delà des chiottes : rien. Le sol était un écran, il s’y dessinait des implications. Ça ballottait dans ma tronche. Gravés dans nos péchés originels avec des petites lames, les verdicts s’abattaient sans scrupule inutile. Coupable. De ne pas être assez. D’avoir trop. De ne rien faire ou mal. Peu importe. Juste coupable. « Chacun portera sa croix et essaiera de la refiler au voisin ». C’est tout ce que j’avais appris à l’école. Une vieille femme se trémoussait sur sa couchette, égrainait ses dents d’un sourire vache. Sans doute espérait-elle qu’on les lui compte et qu’on les lui achète. Première apparition nette, première indulgence. « Ignore le monde », avais-je promis. Ça avait des allures de vœu pieux. Il fallait que j’aille vomir. Parfois, nous stagnions en gare et c’était le monde figé, au-dehors, qui d’un coup semblait tout agité, débordant d’imprécision. Sous le halo blanc des néons, des formes s’affairaient à reconstruire frénétiquement ce que leurs aïeux avaient soigneusement déglingué. Lumière artificielle. Petits bureaucrates batailleurs. Hippies usés jusqu’à la moelle. Rien de neuf, tout rejoué encore et encore et depuis si longtemps que le public avait déserté le théâtre, las d’attendre que, enfin, les répétitions aboutissent à quelque chose de présentable. Les apsaras s’enivraient dans les coulisses, hilares : elles ne monteraient sur scène que lorsqu’on les en prierait. Ce n’était pas pour demain et elles le savaient fort bien. J’avais longtemps pris part à tout ça, puis un beau jour j’étais parti en claquant la porte. Personne n’avait rien remarqué. J’avais beau essayer de voir les choses en cinémascope, rien n’y faisait. Je prenais le réel par la périphérie, m’obstinais à l’étirer par le haut et par le bas, par la gauche et par la droite. Mais les bordures noires prenaient toujours trop de place, dégoulinaient de leur obscurité entêtée, compressant tout en quelque sorte. Il n’y avait que des corps dont les têtes avaient été coupées au montage. Pas de gens, encore moins des personnages. Juste des corps interchangeables, floutés, résidus d’hommes et de femmes aux excentricités fanées. L’exotisme aussi, avait été coupé au montage. Le véritable ailleurs était ailleurs. Ou peut-être en dedans. Toutefois, il fallait bien regarder ailleurs. C’était écrit sur tous les murs, sur tous les panneaux. Tout était en désordre alors on tournait la tête de tous côtés, et chaque fantasme assouvi ne faisait que rendre le tableau encore plus flou. On sentait bien que certains auraient aimé sauter du train en marche, mais le temps était en gare et il fallait attendre. Bras ballants, d’aucuns brûlaient leurs impatiences en allers-retours, en va-et-vient stériles. Un affront aux empêcheurs de tourner en rond, peut-être : encagés, les tigres ont au moins le privilège de tourner. Tout ce ressac humain, ça me resserrait la pensée. « C’est comme ça qu’il faut faire ! », répétait l’homme assis en face avant de s’arracher la langue et de la jeter par terre, avec le reste. Lamentable lambeau de chair. La scène était jouée en boucle. Je n’en voulais rien savoir mais à la cent-troisième représentation, je craquai et me posai finalement en spectateur. Il se délecta de pouvoir, enfin, me bouffer la cervelle. Lui non plus n’avait pas de visage, juste une boule noire sur les épaules et de la persévérance. « Ça ne suffira jamais à faire un homme », songeai-je. Tous ces corps sans têtes, ça ne menait à rien. J’avais beau m’efforcer de rêver seul, la foule avait encore une certaine emprise. Lorsque Dieu avait essayé de me vendre des enfants, j’avais dit non en pleurnichant. Lorsque des enfants avaient essayé de me vendre Dieu, j’avais répondu que j’en avais déjà un. Lorsque Dieu avait jeté Ses enfants sur la voie ferrée, il avait oublié de leur donner des billets. Le contrôleur n’avait aucun sens de l’humour et Ses créatures avaient écopé d’une prune. Elles paieraient encore longtemps. Jusqu’à la machine. Jusqu’au transformisme. J’étais né beaucoup trop tôt. J’étais parti pour trouver une fleur. Fuite ou quête on n’allait pas s’arrêter à ce genre de détails. Il eut été facile de s’isoler simplement. Trop facile. Tard dans la nuit, lorsque les choses dorment et que le boucan cesse, on peut écouter les secrets, le murmure de Dieu. Mais la vraie solitude ne peut s’accomplir que dans la multitude. C’est ce qui m’avait poussé à m’embarquer, ni plus ni moins. « Ignore le monde, remplis le plein par du vide. » Harcelé par les mouches et les aboyeurs de chai, trépané par le vacarme, il fallait pourtant bien que je me rende à l’évidence. Comme les autres, je cherchais juste un truc auquel m’accrocher.
9.
à demi-mot je te glisse rencontre-moi entre les lignes entre les paressons je te je te délivrerai la langue et tu me divulgueras, tu me divulgueras oui l’orthographe des choses qui te font frissonner en douce le soir, tout ce qui transpire de tes incertitudes nos vagues ébauchent un motif qui de par son insistance entame les déterminations les plus entêtées il faudra bien que l’arène s’accommode de notre vertige et sinon nous leur adresserons des enveloppes vides nous leur abandonnerons les nombres et nous conserverons les lettres toutes (les vingt-six et les grecques aussi surtout Ψ) rencontre-moi entre les lignes entre deux verres entre deux ruptures sèche tes larmes et dis-moi un câlin mais ne prononce rien avant minuit ne me ne me nourris que d’eau

about

BONUS, pour tout achat de l'album :
- Les sept titres en versions instrumentales
- Les sept titres en versions a cappella
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credits

released August 16, 2022

Écrit par Shaomi
Composé par Jean-Sully Ledermann

Shaomi : voix
Jean-Sully Ledermann : musique

Enregistré, mixé et masterisé par Jean-Sully Ledermann @ Studio du Chemin de l’Infini, Auvers-sur-Oise

Photographie : Tom Gainor @ Unsplash.com
Graphisme pochette : Shaomi

Remerciements :

« Merci à Shaomi pour m'avoir permis de créer avec lui ce petit bout d'absolu dont je ne suis pas peu fier. Et je dis merci à la vie, je dis merci, je chante la vie, je danse la vie, je ne suis qu'amour... »
Jean-Sully Ledermann

« 2080, Ana El, Ayn Rand, Bettina Pracht, Élaine Germain, Kaa, Léa, Lo Glasman, Nicolas Manenti, Ranjith Krishnan, Shan Shan Wei, Sonia Cathala, Sylvie Milczach, Tom Gainor, Unsplash et Vincent Ragon. Et surtout Jean-Sully, pour m’avoir permis de réaliser un très vieux rêve. »
Shaomi

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